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Quand la psychologie de l'évolution explique nos préférences en matière de jardin et paysage

Selon la psychologie de l'évolution, nos comportements, nos préférences et nos choix quotidiens seraient en partie déterminés par la sélection naturelle et l'évolution de notre propre espèce !


C’est en 1975 que Jay Appleton a proposé dans son livre « The experience of landscape » une des idées les plus convaincantes de la psychologie évolutionniste en matière de paysage et de jardin : le concept de « Prospection/Refuge ». Selon ce concept, les paysages les plus satisfaisants et les plus agréables du point de vue humain sont ceux dans lesquels nous pouvons « voir sans être vus », en raison de la longue période de notre évolution passée en association intime avec le paysage en tant que chasseurs-cueilleurs.


Il s’agit donc de paysages qui peuvent être rapidement vus, examinés, compris à partir d'un point de vue (Prospection) mais qui dans le même temps nous garantisse une sécurité (Refuge).


© Illustration François Reuille, 2020


En d’autres mots, suite à notre évolution, nous préférons les paysages faciles à comprendre où les opportunités et les menaces peuvent être repérées de loin et être observées depuis des postes où nous nous sentons en sécurité et à l'abri du danger.


Cela conduit à un besoin d'ordre et de structure afin de pouvoir interpréter les paysages immédiatement.


Selon Nigel Dunnett, pour concevoir des plantations naturalistes épanouissantes, il est nécessaire de remplir tous les besoins repris dans une version de la pyramide des besoins de Maslow spécifiquement adaptée à la conception de plantations naturalistes.


La figure ci-dessous reprend la pyramide de Maslow adaptée. Elle provient de son livre "Plantations naturalistes : introduire la nature dans les espaces verts et les jardins" dont je vous conseille vivement la lecture ;-)


© Nigel Dunnett, 2020


Au bas de la pyramide se trouvent les besoins psychologiques. Il s’agit du besoin de structure élémentaire et concerne donc le contexte dans lequel s'inscrivent les plantations naturalistes. Il s’agit des éléments de conception destinés à mettre le public à l'aise et qui lui permettent d'accepter un certain degré de « sauvagerie » comme par exemple les bandes d'herbes tondues qui bordent une prairie de fleurs sauvages. Ce sont les facteurs externes qui engendrent le sentiment d'intimité, d'ordre et de contrôle dont l’être humain a tant besoin dans le cadre d’une expérience naturaliste. Ces facteurs se rapprochent de l'idée de « Refuge ».


Le niveau intermédiaire de la pyramide correspond au besoin de lisibilité et de compréhension de la plantation. Ce niveau de besoin concerne les plantations en elles-mêmes. Les éléments clés de la plantation doivent être lisibles, c’est-à-dire compréhensibles d'un seul coup d'œil.

--> Pour cela, l'organisation interne de la plantation doit être identifiable. La structure peut se manifester par les formes, les textures ou les couleurs des plantes. Les répétitions contribuent également à cette lisibilité.


Le dernier niveau correspond aux besoins émotionnels. Une démarche artistique authentique est nécessaire lors de la conception d'une plantation naturaliste pour qu’elle procure le plus haut niveau d'épanouissement émotionnel, l’ « émerveillement ». L'utilisation réfléchie de la couleur et des formes végétales remplit cette fonction artistique. Le but recherché est d’améliorer la nature au moyen d'effets exagérés, d'audace et d'une grande rigueur dans le choix des composants d'une plantation.


Le haut de la pyramide ne peut évidemment être atteint que si les niveaux de besoin précédents sont comblés ! ^^'


Des plantations naturalistes répondant à ces différents niveaux de besoins auraient le pouvoir de déverrouiller nos instincts primitifs et de provoquer des réponses émotionnelles telles que la libération ou l’émerveillement.


Je trouve tout cela fascinant et vous?


Votre architecte paysagiste

Hélène





Sources :

Pontarlier médiéval et mésolithique, communiqué de presse de l’Inrap, 28 septembre 2020

Dunnett Nigel Plantations naturalistes : introduire la nature dans les espaces verts et les jardins [Ouvrage]. - Paris : Editions Ulmer, 2020. - p. 240.


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